Cela fait maintenant un mois que nous sommes rentrés, un mois pendant lequel j’ai essayé de mettre des mots sur mes sentiments et mes ressentiments.
Je l’ai fait un jour après notre retour, mais quand je relis mes écrits je vois des mots durs et lourds, reflétant sans doute l’état de mon être en rentrant.
Aujourd’hui après un retour plus que difficile à la réalité, mes mots sont différents et sans doutes beaucoup plus posés.
Un des moments qui m’a le plus marqué est sans doute la première journée…
Premières rencontres : Nos sommes un groupe de 28 personnes qui le jeudi 23 avril 2009, a rendez vous à l’aéroport CDG à 4H30 du matin. Autant dire que ces premières rencontres furent matinales !Après une longue attente à l’aéroport, nous prenons enfin l’avion, direction Varsovie. Nous faisons connaissance, et essayons tant bien que mal de retenir les prénoms !
Premières interrogations : à notre arrivée en Pologne une question nous a été posée, qu’attendez-vous de ce voyage ? J’attendais d’apprendre, de connaitre à travers de multiples témoignages ce qu’avait été la « Shoah par balles ». J’attendais aussi de voir quelles seraient mes réactions, au fur et à mesure des rencontres et des visites de ces lieux. J’avais très peur, presque honte, de ne pas en avoir.
Première étape Belzec, camps d’extermination ou de mars à décembre 1942, 400 000 juifs ont été exterminés.
Premières images : un amas de pierres témoignant de l’étendue du camp mais aussi du massacre qui a été commis. Nous entrons à l’intérieur du musée de Belzec, je vois ces visages, ces objets, je me sens oppressée. Je ressors très vite, sans doute par pudeur et par peur de ma réaction que je ne voulais pas montrer aux autres. Je ferme les yeux et m’imagine ces hommes, ces femmes, la douleur, les pleurs, ces enfants si jeunes… A ce moment là la question que je me posais a disparu. Je savais que mes ressentis et réactions ne seraient pas nulles.
Premier témoignage : durant notre voyage en bus, en direction de Belzec nous faisons connaissance avec Benjamin Orenstein, grand monsieur, rempli de sympathie qui a une aura impressionnante ! À ce moment là, je sais juste que c’est un ancien déporté. Après notre visite du musée nous sommes allés écouter le début de son témoignage. Tout au long du voyage il nous racontera la suite. Cet homme était assis devant nous, et a commencé à nous parler alors qu’il ne nous connaissait que depuis quelques heures. J’ai été très impressionnée. Je peux vous assurer que ce voyage n’aurait jamais été le même sans Benjamin Orenstein.
Premiers liens : Retour à Belzec, après avoir eu le témoignage de Benjamin nous allons réciter le Kaddish devant la stèle représentant son village de naissance, Annopol. Puis chacun à notre tour, nous lisons quelques extraits de textes, dont un de Primo Levi extrait de « Si c’est un homme ». Ces textes symbolisent le devoir de mémoire de chacun d’entre nous.
Je regarde les visages et me dis que nous sommes tous là pour la même chose, comprendre la « Shoah par balles », la transmettre et réussir petit à petit, à travers diverses actions, notre devoir de mémoire.
Hanna Guenancia
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